L’Iran s’embrase, la France doit dialoguer avec l’opposition iranienne organisée
L'insurrection dans toutes les grandes villes et les provinces de l'Iran a démontré que le peuple iranien, porteur d'une grande civilisation, ses femmes, ses jeunes, ses révoltés, ne veulent plus subir les emprisonnements arbitraires, les sévices, les tortures et les exécutions capitales.
Pourtant, en France, il n'est pas simple d'exprimer sa solidarité avec les résistants iraniens qui luttent depuis quatre décennies pour l'instauration d'une république démocratique et laïque dans leur pays. Le 1er juillet, à Paris, une grande manifestation a été préparée mais les autorités françaises ont décidé de l'interdire ! La Préfecture de Police de Paris a fait état de ses inquiétudes « géopolitiques » et de « soucis de sécurité» pour justifier son refus. Les médias ont évoqué les pressions de la dictature iranienne sur la France. Le Tribunal administratif de Paris a annulé ces arrêtés préfectoraux, les estimant contraires à la liberté de manifester. Plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont pu enfin se réunir sur le site de la Place Vauban. La demande de révision de la décision du TAP, revenant in extremis est tombée trop tard et fut inefficace.
Grâce à l'expérience et au sens des responsabilités des organisateurs, le rassemblement s'est tenu sans le moindre incident, et en présence de nombreuses personnalités. Et à Auvers-sur-Oise une conférence simultanée était organisée par le Conseil National de la Résistance Iranien (CNRI), en présence et la prise de parole de plusieurs centaines de personnalités de premier plan dont Mike Pence, ancien vice-Président américain, ou de Mike Pompeo, ancien secrétaire d'Etat, le général James Jones, ancien conseil de la sécurité nationale à la Maison Blanche, mais aussi de plusieurs membres du Congrès, et d'éminents responsables européens et français, dont trois anciens ministres des Affaires étrangères : il s'agissait d'un Sommet Mondial pour un Iran Libre !
Il est pourtant troublant de constater que quelques jours plus tôt, près de Tirana, à Achraf3, le siège de l'Organisation des Moudjahidines du Peuple d'Iran (OMPI) était perquisitionné par la police albanaise. Là encore, les soupçons de marchandage sont pesants. Le gouvernement albanais, victime de plusieurs attaques cybernétiques de Téhéran est suspecté d'avoir cédé au chantage des autorités iraniennes pour museler une résistance particulièrement influente dans les soulèvements en Iran. Les opposants organisés au régime iranien, ne sont pas considérés comme des interlocuteurs par les autorités, ni aux États-Unis, ni en France où l'on préfère transiger et s'accommoder de ces marchandages sur le dos des résistants qui se battent dans leur patrie au péril de leur vie. Céder aux chantages d'un État terroriste est une faute morale et une erreur politique.
L'enjeu va de la libération d'otages occidentaux incarcérés en Iran contre des terroristes condamnés par les tribunaux jusqu'au déblocage de l'accord moribond sur le nucléaire. Mais que recherche le régime de Téhéran derrière toutes ces tractations : faire obstacle à sa principale force d'opposition !
La sensibilité extrême du régime des mollahs à l'égard de la Résistance organisée, doit pourtant démontrer que le pouvoir iranien est bien obligé de considérer ce qu'il reconnait implicitement comme son alternative. Devrons-nous continuer à faire semblant d'ignorer ceux que le régime reconnait comme sa principale menace?
L'expérience de plus de quatre décennies démontre que seul le langage de fermeté peut pousser le régime des Mollahs à l'abdication. Or les responsables iraniens sont passés maîtres dans l'art de faire pression sur les dirigeants occidentaux. Dans ce contexte de lâcheté et de compromission, le seul espoir réside dans la volonté héroïque du peuple iranien d'abattre la dictature.
Il faut soutenir et encourager les combattants de la liberté, comme l'a fait la majorité des membres de l'Assemblée nationale (296 députés) avec plus d'une centaine de sénateurs, aux côtés de 3600 parlementaires à travers le monde, dont la majorité du Congrès américain. Les contempteurs du conseil National de la résistance iranienne et de sa principale composante l'OMPI soutiennent depuis des années que cette organisation ne représenterait que l'opposition en exil et ne serait pas soutenue par la population en Iran. Les insurrections qui se propagent depuis bientôt un an démontrent le contraire. C'est bien pour cela que le régime iranien s'en prend systématiquement à cette organisation, de manière quasi-obsessionnelle.
J'étais maire du 1er arrondissement de Paris quand j'ai décidé d'accompagner le combat des Iraniens pour la liberté à l'occasion d'expositions et de conférences au cours desquelles j'ai accueilli Maryam Radjavi présidente-élue du Conseil National de la Résistance Iranienne. Son programme en dix points qui incarne l'avenir et les institutions démocratiques à mettre en place est une forte garantie pour le future de ce pays.
Par ses capacités avérées à organiser la résistance dans le pays où elle a joué un rôle crucial dans les récents soulèvements, par sa base populaire et ses compétences très poussées qui lui ont permis d'accéder à des renseignements hautement protégés, la résistance iranienne organisée est la principale menace pour le régime des Mollahs. Rappelons que c'est le CNRI qui a révélé au monde entier en 2002 l'existence du programme nucléaire clandestin de Téhéran !
Malgré les arrestations et les sévices, les « Unités de Résistance » de l'OMPI gagnent chaque jour du terrain dans la plupart des provinces iraniennes. Les experts, y compris au sein du régime iranien n'ignorent plus qu'un sursaut national est proche en Iran. Le grand peuple iranien balaiera à l'avenir toutes forme de dictatures, du Shah aux Mollahs. L'Europe et la France doivent se préparer à l'avènement de la république démocratique et dialoguer avec la principale force de l'alternance.
La moindre des choses est de veiller au respect de la liberté d'expression, la liberté de réunion, le droit d'asile inscrits dans les traités internationaux tels que la Convention relative au statut des réfugiés, la Déclaration universelle des droits de l'homme et la Convention européenne des droits de l'homme, et dont devraient bénéficier ces opposants iraniens en France, comme en Albanie et dans tout le reste de l'Europe.
« Tout ce que je vois jette les semences d'une révolution » écrivait prophétiquement Voltaire … L'histoire nous enseigne que toutes les dictatures sont mortelles. Mais seules les démocraties peuvent les remplacer. Il est temps que tous les soutiens qui veulent l'avènement d'une république libre et laïque s'unissent. Il est temps que les responsables de nos gouvernements dialoguent avec l'opposition iranienne organisée. Il est temps que l'Iran accède à la Liberté.