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Le nucléaire iranien : vers un compromis illusoire? Par Nader Nouri

Le samedi 13 juin, des dizaines de milliers d'exilés iraniens se sont rassemblé à Villepinte pour leur meeting annuel marquant l'anniversaire du raid lancé en juin 2003 par les forces de sécurité françaises contre le siège, en banlieue parisienne, du Conseil national de la Résistance iranienne (le CNRI). Lors de cette opération qualifiée d' « anti-terroriste », les domiciles des dizaines de réfugiés politiques iraniens avaient également été pris d'assaut, et plus de 170 personnes avaient été interpellées avant d'être, pour certains d'entre elles, notamment Maryam Radjavi, présidente du CNRI, incarcérées.


Cette opération survenait en plein milieu d'un marchandage politico-commercial entre le gouvernement français de l'époque et le régime du « Guide suprême » des mollahs au pouvoir à Téhéran. Or, dix mois avant, en août 2002, cette même opposition s'appuyant sur ses réseaux à l'intérieur de l'Iran, voire au sein de l'appareil sécuritaire du régime, avait révélé l'existence d'un programme nucléaire clandestin en Iran conçu et mis en œuvre par la République islamique pour se doter d'une arme nucléaire sous l'apparence d'un programme nucléaire civil destiné à « fournir plus de l'électricité » aux habitants d'un pays qui détient la deuxième réserve mondiale de gaz naturel !

Cette révélation-là déclenchait une crise de la prolifération nucléaire sans précédent, et cela dans une région des plus explosives du monde, qui continue jusqu'à nos jours ; alors que le raid contre les exilés iraniens en France donnait lieu à une procédure judiciaire également sans précédent dans les annales de la justice française qui a reconnu au bout d'une décennie d'une longue bataille judiciaire, et c'est tout à son honneur, les opposants iraniens en question comme des résistants et non des « terroristes ».

Cette année, le grand rassemblement de ces opposants courageux coïncidait avec l'hommage rendu aux résistants français, traités, eux aussi, de « terroristes », il y a 70 ans. Quatre d'entre eux viennent de faire leur entrée au Panthéon. A 5 jours également de l'appel du 18 juin 1940 du général De Gaulle, ce meeting annuel a eu lieu, l'hasard de calendrier le voulant, 17 jours avant l'échéance fixée au 30 juin pour que la communauté internationale représentée par le groupe de pays dit « P5+1 » et le régime théocratique au pouvoir en Iran finalisent le marathon de négociations qui dure depuis 12 ans et dont les paramètres généraux ont été, selon notamment les négociateurs iraniens et américains, fixé par l'accord-cadre conclu le 2 avril dernier à Lausanne (Suisse).

Cela a été l'occasion pour cette foule immense d'exilés de célébrer avant tout la victoire de la justice sur le cynisme mercantile de certains gouvernants (ce sont les justices britanniques américaines et françaises qui ont ordonné aux gouvernements de ces grandes puissances de retirer les résistants iraniens de leurs listes des organisations terroristes) et dénoncer comme chaque année les violations systématiques des droits de l'homme, le nombre extraordinairement élevé des exécutions, la pratique systématique de la torture, la misogynie et la censure dans leurs pays ; mais aussi faire entendre la voix des millions d'Iraniens qui ne veulent pas de ces dirigeants, de leur projet de la bombe atomique, ni de leurs ingérences dans les pays d'une région mise à feu et à sang de l'Irak au Liban et au Yémen en passant par la Syrie martyrisée à outrance.

Sur ces points, la situation globale dans la région et le dossier nucléaire, alors que les commentaires les plus contradictoires fusent de partout, il n'est peut-être pas inutile de revenir sur quelques faits récents :

Le 28 mai dernier le CNRI révélait d'après les informations obtenues par les réseaux de l'Organisation des Moudjahidine du peuple d'Iran (OMPI) à l'intérieur du pays, la poursuite d'une vaste collaboration entre l'Iran et la Corée du Nord dans le domaine de l'armement nucléaire, les ogives nucléaires et les missiles balistiques. Ces informations font état, entre autres, de la présence d'une délégation d'experts nucléaires nord-coréens à Téhéran à la fin du mois d'avril dernier alors même que les négociations sur le nucléaire iranien avaient repris le 22 avril dans le but de régler les détails « techniques » relatifs aux paramètres fixés par l'accord-cadre conclu le 2 avril à Lausanne (Suisse) entre le régime de Téhéran et la communauté internationale.

Selon ces mêmes sources, des délégations d'experts nucléaires iraniens, des commandants des Pasdaran (la garde prétorienne du régime iranien) et des représentants du ministère de la Défense se rendent régulièrement en Corée du Nord. Il a été notamment confirmé que Mohsen Fakhrizadeh, un général des Pasdaran et un personnage-clé du volet militaire du programme nucléaire iranien (qui figure sur la liste noire des sanctions des Nations Unies à l'encontre des personnes et des entités impliquées dans le projet nucléaire militaire de la République islamique) était présent en Corée du Nord le 12 avril 2013 lors du troisième test nucléaire du régime de Pyongyang. Cette information avait été révélée pour la première fois, il y a deux ans, par le quotidien britannique « The Times ».

Après plus de deux ans d'enquête, le CNRI peut la confirmer en précisant que Mohsen Fakhrizadeh s'était effectivement rendu en Corée du Nord sous le pseudonyme Dr. Mohsen Mohseni, via la Chine et qu'il avait été logé à l'hôtel Koryo de Pyongyang.

Le quotidien américain « The New York Times » révélait, dans son numéro du 2 juin dernier, que « l'Iran [avait] accru son stock d'uranium enrichi, indispensable à la fabrication d'une bombe nucléaire, selon le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) », cité dans Le Monde daté du 4 juin 2015.

Ces informations vont de pair avec les positions d'Ali Khamenei, le Guide suprême du régime islamiste de l'Iran, l'homme qui est sensé dire le dernier mot sur le dossier nucléaire :

Après 7 jours d'un silence assourdissant suite à l'annonce de l'accord de Lausanne par son ministre des Affaires étrangères, la Haute Représentante de l'Union européenne qui supervise les négociations pour le compte des grandes puissances et le Secrétaire d'Etat américain, Khamenei, s'adressant à un rassemblement de ses fidèles le 9 avril, déclare qu'il n'est « ni pour, ni contre l'accord » !ouvrant ainsi la voie à toutes sortes d'interprétations, les commentateurs les plus optimistes faisant valoir qu'il n'est pas contre, alors que les autres y voient déjà une violation des engagements pris par son équipe de négociateurs.

Mais sa position exprimée le 20 mai dernier, reprise par d'autres hauts responsables du régime, rejetant les inspections inopinées par l'AIEA des sites nucléaires, excluant totalement la possibilité pour cette dernière d'inspecter des sites militaires et d'interroger des scientifiques impliqués dans le volet militaire de son programme, notamment le général des Pasdaran, Mohsen Fakhrizadeh, ne laissent aucune ambiguïté quant à son ambition d'acquérir l'arme absolue, seul garant de la survie du régime à ses yeux.

Toutefois la réalité est que l'ambiguïté entretenue dans les propos du « Guide suprême » reflète le fait que les choses ne vont pas dans le sens souhaité par la faction dominante du régime :

Plus de deux ans après le début des pourparlers secrets sur le dossier nucléaire entre les représentants de Khamenei et du gouvernement américain à Oman, et seize mois après l'accord intérimaire de Genève en novembre 2013, négocié par l'équipe Hassan Rohani-Javad Zarif sous l'égide du « Guide » lui-même, le contexte régional qui laissait espérer une marge de manœuvre plus étendue au régime iranien dans ses négociations avec les Occidentaux, notamment les Américains que les dirigeants de Téhéran considère, de toute évidence, leurs vrais interlocuteurs sur la question nucléaire, a nettement changé.

Quoi qu'on en dise, notamment au sein de l'administration Obama, la République islamique n'a jamais dissocié le dossier nucléaire du contexte global dans une région dans laquelle elle cherche, depuis plus de trois décennies, d'étendre son influence, voire la domination. Si Ali Khamenei a décidé d'entamer des pourparlers avec le « Grand Satan » américain, c'est évidemment d'abord sous la pression croissante des sanctions internationales (onusiennes, américaines, européennes) qui frappent surtout les intérêts financiers de la faction dominante (le Corps des Pasdaran, les services secrets et les milieux d'affaires liés à ces derniers, les conglomérats puissants agissant sous l'appellation de « fondations religieuses », le tout impliqué dans le financement du projet nucléaire militaire), mais aussi parce qu'il estimait qu'avec ses ingérences réussies dans les affaires d'un certain nombre de pays de la région, notamment le Liban (avec le Hezbollah), la Syrie, l'Irak et son influence sur le Hamas et le Jihad islamique en Palestine, il détenait des cartes maîtresses qu'il pouvait utiliser dans ses tractations avec les Américains, enclins à « se désengager » des conflits de plus en plus encombrants dans cette région du monde, après plus d'une décennie de guerres coûteuses et infructueuses, notamment en Irak.

Or, deux ans après, la situation n'est plus la même. Un bref état des lieux :

L'Irak

Au début de l'année 2013, deux ans après le retrait total des troupes américaines, ce pays semblait sous l'emprise du gouvernement Nouri Al-Maliki, totalement inféodé au régime de Téhéran. Aujourd'hui tous les observateurs s'accordent pour dire que les politiques sectaires, répressives de ce dernier à l'encontre de la minorité importante sunnite, l'excluant de la vie politique, économique et administrative du pays, ont mis le feu aux poudres dans les provinces à majorité sunnite provoquant un mouvement insurrectionnel qu'exploitera l'Etat islamique (Daech) dans sa progression, à partir de ses bases arrières acquises en Syrie, vers l'Irak.

Face à la montée en puissance de l'EI, pris de court par la chute de Mossoul, la deuxième ville de l'Irak aux mains de Daesh en juin 2014, et craignant la chute de Bagdad, Khamenei a consenti à la mise à l'écart de son protégé irakien : Nouri Al-Maliki a été remplacé par Heidar Al-Ebadi sous la pression des factions irakiennes et celle des occidentaux qui avaient conditionné leur participation à la lutte contre l'EI au limogeage de Maliki. C'est un échec cinglant pour la politique de Khamenei et ses investissements de plusieurs années pour le contrôle de son pays voisin. Toutefois, prétextant le chaos généralisé créé par l'avancée fulgurante de l'EI, il envoie un grand nombre de ses « pasdaran » et mobilise les milices qu'il avait aidé Maliki à créer en Irak. Plutôt discrète au départ, la présence des officiers pasdaran en Irak, notamment celle de Ghassem Soleimani, le notoire chef de la redoutable Force Qods, unité des Pasdaran chargée des « opérations spéciales » à l'éxtérieur, est aujourd'hui connue et dénoncée de toutes parts. Lors d'une visite récente à Washington, le nouveau premier ministre irakien a ouvertement regretté cette présence et appelé les dirigeants de Téhéran à « respecter la souveraineté irakienne ».

Le rassemblement annuel des opposants iraniens à Paris sera également l'occasion de rappeler aux Occidentaux et à l'ONU la situation extrêmement délicate de quelques 3000 opposants iraniens, membres de l'OMPI, encerclés dans le Camp Liberty près de Bagdad, menacés d'attaques par les agents Irakiens du régime des mollahs et harcelés quotidiennement par ces derniers.

La Syrie

Face aux manifestations pacifiques des Syriens qui, dans la foulée des révoltes populaires dites « les printemps arabes » en 2011, réclamaient le départ du dictateur Bachar Assad, le seul allié arabe du régime iranien dans la région depuis les débuts de la République islamique, celui-ci décide de réprimer les manifestations dans le sang. Conséquence directe de la répression barbare de la population et refus de tout dialogue politique avec les opposants : le conflit se militarise rapidement et se transforme en une guerre civile sans merci. Quatre ans et plus de 200000 morts plus tard, une grande partie du territoire syrien échappe au contrôle du régime de Damas et la situation sur le plan militaire n'est guère prometteuse pour le régime de Bachar Assad et son allié iranien.

En 2013, alors que les négociations sur le programme nucléaire de Téhéran se poursuivaient, celui-ci craignant une chute imminente de son allié syrien, mobilise les milices lourdement armées du Hezbollah, l'organisation paramilitaire que les Pasdaran ont créée au Liban dans les années 1980 et que Téhéran finance et arme généreusement, pour soutenir les forces de sécurité de Bachar Assad, secourir son régime et empêcher sa chute. C'est au même moment que lorsque Damas utilise des armes chimiques notamment dans les quartiers autour de la capitale, franchissant ainsi la « ligne rouge » sur l'utilisation de ces armes prohibées fixée par Washington, alors que la France est prête à intervenir contre le régime, les Etats-Unis, alors en pleine négociations avec Téhéran, décident d'épargner le pouvoir syrien. Ce recul permettra au Hezbollah et aux Pasdaran iraniens de venir massivement à l'aide du dictateur syrien. Sans le soutien financier, militaire et logistique de la République islamique (et la Russie) le régime syrien serait tombé depuis longtemps.

Mais la situation militaire ayant tourné à l'avantage des forces anti-Assad depuis quelques mois, attisant les spéculations sur une chute prochaine du régime, Téhéran n'a pas hésité à envoyer des milliers de troupes au secours du régime de Damas qui ne contrôle plus que 50% de son territoire (Le Monde daté du 6 juin).

L'importance stratégique cruciale de l'Irak et de la Syrie pour le régime des mollahs

Dans les plans stratégiques de la dictature religieuse qui a pris le pouvoir en Iran en 1979, en vue de l'exportation de « la révolution islamique », l'Irak a toujours eu une place prépondérante, les mollahs de Téhéran considérant que les conditions géographiques, historique et religieuses dans ce pays à majorité chiite le rendait plus propice que tout autre pays de la région pour servir de tremplin dans la perspective d'assurer l'hégémonie régionale que l'idéologie expansionniste du régime imposait. La guerre de huit ans entre la République islamique et le régime baasiste irakien s'inscrit dans cette logique expansionniste, quelque soient les circonstances menant au déclenchement de cette première guerre dévastatrice impliquant directement ces deux puissances régionales. Depuis lors, les sorts de la République islamique et de tout pouvoir en place à Bagdad seront intimement liés.

L'invasion américaine de l'Irak en mars 2003, offrira une occasion en or aux mollahs de Téhéran leur permettant de mettre en œuvre leur plan irakien, à savoir transformer ce pays riche en pétrole en un grand avant-poste dans leur stratégie globale de l'hégémonie régionale. [lire l'article intitulé : « l'Iran partie du problème ou de la solution » sur le site de FEMO]

L'importance de la Syrie n'est pas moindre aux yeux des stratèges de la théocratie iranienne : la Syrie est un maillon stratégique qui relie Téhéran et Bagdad à Beyrouth où le Hezbollah sert d'un cheval de Troie permettant à la « révolution islamique » de s'étendre jusqu'aux rives de la Méditerranée [lire l'article intitulé « Iran, Irak, Syrie : le trio infernal » sur le blog N. Nouri]. Faut-il rappeler que des chefs militaires iraniens ont affirmé à plusieurs reprises que « nous nous battons en Syrie et en Irak pour ne pas avoir à nous battre près d'Ispahan ou de Téhéran, car si Damas ou Bagdad tombent, Téhéran tombera » ?

Le rôle du régime de Téhéran et de ses affidés syriens et irakiens dans l'émergence de l'Etat islamique (EI)

Le refus du régime syrien de toute solution politique en négociant avec son opposition modérée et la brutalité et la sauvagerie avec lesquelles le régime syrien a réprimé la population à majorité sunnite, comme nous l'avons vu, a eu pour résultat la radicalisation d'une grande partie de la population et facilité l'émergence de groupe armés islamistes. Pour justifier ses méthodes barbares et les bombardements de la population civile, y compris à l'aide de barils de TNT largués des hélicoptères sur des quartiers entiers ou le recours aux armes chimiques (comme en août 2013), la machine de propagande du régime de Damas lance une campagne pour dire au reste du monde que celui-ci est en guerre contre des « terroristes » islamistes.

Bachar Assad ordonne alors discrètement la libération des islamistes radicaux des prisons du régime pour qu'ils puissent rejoindre et renforcer les rangs des éléments les plus extrémistes. C'est dans ces conditions que l'Etat islamique en Irak et en Syrie (EI, son acronyme arabe étant Da'ech) dont un premier noyau avait vu le jour en Irak dès l'année 2005, a pu s'emparer des pans entiers du territoire en Syrie avant de s'étendre vers l'Irak. A l'instar de son allié syrien, le gouvernement de l'Irakien Nouri-Al-Maliki, inféodé également aux mollahs de Téhéran, on l'a vu, a mené une politique sectaire répressive contre la minorité sunnite de l'Irak, qui a provoqué une insurrection dans le « pays sunnite », exploitée par Da'ech pour s'emparer d'une grande partie des provinces sunnites à l'ouest et au nord du pays, dont Mossoul, la deuxième grande ville de l'Irak, en été 2014.

Malgré la rivalité évidente entre le califat de Mossoul et le « califat » de Téhéran (le régime du guide suprême tout-puissant) pour la domination de la région, une erreur d'analyse a conduit de nombreux observateurs à conclure que la solution à la sauvagerie des « jihadistes » sunnites serait de s'appuyer sur la sauvagerie des milices chiites financées, formées et soutenues par les unités d'élite des pasdarans ou de la Force Qods du califat de Téhéran. Vu l'histoire de cette région depuis 36 ans (l'avènement du califat à Téhéran sous l'appellation « la République islamique »), cela reviendrait à choisir entre la peste et le choléra.

On oublie souvent comment le fondamentalisme chiite, incarné par le pouvoir iranien et le fondamentalisme sunnite (incarné par Al-Qaïda et Da'ech) suivent les mêmes objectifs : imposer à tous les pays de la région et au-delà, en Afrique et en Asie, des régimes « islamiques » basés sur l'application, par la force et la violence, de la charia, à savoir l'interprétation littérale et rigoriste des règles religieuses notamment à l'encontre des femmes et des minorités religieuses et l'instauration des châtiments corporels, la torture et la mise à mort de tous ceux qui s'opposent à leur idéologie moyenâgeuse et en premier lieu la grande majorité des musulmans qui tiennent et pratiquent une autre vision de leur religion, étant celle de la tolérance, de la démocratie, et de vivre-ensemble.

Le Yémen : le pas de trop ?

La situation en Irak ayant tourné relativement au désavantage de Téhéran, l'impasse et l'incertitude qui règnent en Syrie, le fait que chaque semaine, de plus en plus de soldats et officiers iraniens se font tuer sur les champs de bataille en Syrie et en Irak et la pression toujours grandissante des sanctions font qu'une prise de décision par le guide sur le nucléaire, décision forcément politique aux effets à long terme pour un régime devient de plus en plus problématique.

Ces dans ces conditions que contrairement au comportement que l'on pouvait s'attendre d'un régime prétendument enclin à rompre son isolement international en optant pour la diplomatie sur son programme nucléaire dangereux, nous assistons à une accélération des opérations militaires sur le terrain, cette fois au...Yémen !

En soutenant financièrement et militairement les rebelles houthis, une minorité issue de la branche Zeidi du chiisme pour renverser un gouvernement démocratiquement élu à Sanaa, le régime iranien a visiblement cherché à profiter de la crise politique dans ce pays pauvre de la péninsule arabique (voisin de l'Arabie Saoudite) pour pousser son avantage et obtenir une nouvelle carte à jouer dans sa double stratégie de l'hégémonie régionale et de l'acquisition de l'arme nucléaire faisant lever par le même coup les sanctions internationales, son seul et vrai objectif dans les négociations en cours avec les Occidentaux sur son programme nucléaire. Cette ingérence directe dans les affaires d'un pays voisin de l'Arabie Saoudite, d'une importance stratégique pour celle-ci, est peut-être la goutte qui a fait déborder le vase, provoquant une riposte militaire de la part du royaume saoudien connu pour ses attitudes modérées dans les affaire de la région.

Surpris par la création d'une coalition arabe contre ses visés au Yémen, les dirigeants de Téhéran qui n'hésitaient pas à se targuer du fait qu'ils contrôlaient désormais quatre capitales arabes (Bagdad, Damas, Beyrouth et Sanaa), sont tombés dans un piège pour lequel, ils n'ont personne d'autre à blâmer qu'eux-mêmes. L'étau resserre désormais autour du régime islamiste de Téhéran déchiré par ses divisions internes, menacé plus que jamais par une explosion sociale en raison de la situation économique catastrophique du pays et qui doit faire face à un environnement régional plus hostile que jamais.

Dans ces conditions comment espérer une sortie de la crise nucléaire par un accord déjà compromis entre une théocratie aux abois et une administration américaine en fin de mandat à la veille d'une année électorale agitée où la crise nucléaire iranienne sera au cœur des débats ?

Le seul espoir réside dans une décision courageuse, enfin, des démocraties occidentales d'écouter la voix du peuple iranien, hélas souvent négligée au profit des tractations politiques diverses, hélas souvent infructueuses sur le plan humain, avec un régime très affaibli mais qui continue de faire peur...