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Décès de François Colcombet, président de la Fondation d’Études pour le Moyen-Orient

Par rédaction

François Colcombet, éminent magistrat et ancien député, est décédé à Paris le 3 avril à l'âge de 85 ans. Il avait présidé la Fondation d'Études pour le Moyen-Orient (FEMO) depuis 2017. La FEMO a rendu hommage à sa précieuse contribution et exprimé ses condoléances à ses proches et amis pour la perte de cette grande conscience de notre époque.

François Colcombet a été l'un des fondateurs du Syndicat de la magistrature, qu'il a présidé en 1973 et 1974, avant de devenir président de chambre à la cour d'appel de Paris, puis conseiller à la Cour de cassation. Maire de Dompierre-sur-Besbre (1983-2008) et conseiller général de l'Allier (1985-2004), il sera élu par deux fois député dans la circonscription de Moulins (1988-1993) (1997-2002). Ce brillant penseur a d'abord comme syndicaliste durant les années 1970 puis membre du comité de rédaction de la revue Esprit, participé à l'effervescence intellectuelle de cette époque.

Ce véritable défenseur de la justice, des droits humains et de la démocratie, a fondé avec d'autres personnalités françaises, le Comité français pour un Iran démocratique (CFID), avec pour objectif d'accompagner le combat des Iraniens pour la démocratie et l'Etat de droit.

Dans ses nombreuses contributions, François Colcombet avait cherché à apporter un éclairage de fond sur les crises au Moyen-Orient et notamment sur la question iranienne sur laquelle il avait collaboré à plusieurs ouvrages.

Co-auteur de « Où va l'Iran », Éditions Autrement, ce spécialiste de la constitution de la république islamique iranienne avait mis en garde contre la nature et expansionniste du fondamentalisme islamique:

« Le régime s'ingère directement dans les affaires internes ou complote contre les Etats d'au moins 8 pays de la région : l'Irak, la Syrie, le Yémen, le Liban, la Palestine, le Bahreïn, l'Égypte et la Jordanie. Enfin, alors qu'il fait du prosélytisme chiite, le régime iranien n'hésite pas à soutenir les groupes extrémistes sunnites pour déstabiliser ses rivaux. Le préambule de la Constitution de la République islamique est explicite : ''La Constitution prépare le terrain pour la poursuite de cette révolution à l'intérieur et à l'étranger. Plus spécifiquement, elle servira à développer les relations internationales avec d'autres mouvements et peuples islamiques afin d'ouvrir la voie à l'avènement d'une communauté universelle, unique, en conformité avec ce verset du Coran''. L'exportation du terrorisme et l'expansion du fondamentalisme est donc un des piliers du régime islamiste d'Iran et une composante stratégique pour sa sécurité. »

Dans un billet intitulé « La "terreur noire" et sa racine historique en Iran», François Colcombet avait écrit dans le Huffington post :

« La "terreur noire" est en effet inscrite à l'origine même du régime khomeiniste qui préconise dans sa Constitution "l'exportation de la révolution islamique" et "l'union du monde musulman sous la tutelle du guide suprême". Autrement dit un "califat" iranien proclamé bien avant celui de Daech. Ce dernier n'est en quelque sorte qu'un sous-produit de cette dérive funeste qui ensanglante aujourd'hui notre planète.

Ce n'est pas sans raison que les démocrates iraniens (réunis dans la coalition du Conseil national de la Résistance iranienne) se déclarent médusés d'entendre aujourd'hui certains cercles proposer de s'allier au régime des mollahs pour combattre le terrorisme. C'est pour eux une aberration qui sidère (…) Mais il faut aussi d'urgence réfléchir et agir pour éradiquer le mal à sa "racine historique". En se rappelant que si le dynamisme de l'islamisme militant a pris son essor avec la "Révolution islamique", il ne disparaîtra qu'avec le changement de régime en Iran vers la démocratie. Il faut donner la parole et les moyens aux musulmans démocrates de ce pays qui représentent en réalité la grande majorité et qui se sont déjà organisés de longue date dans l'opposition, pour constituer une alternative démocratique. »

Son franc parler, son intégrité politique, sa lucidité intellectuelle, son rapport responsable au travail et à la responsabilité et surtout son humanité, ses qualités reconnues par tous ceux qui l'on croisé, ont guidé les travaux de la fondation d'Etudes pour le Moyen-Orient,

La Fondation d'Études pour le Moyen-Orient (FEMO) continuera de poursuivre les travaux entamés sous la présidence de François Colcombet, en particulier en matière de recherches et d'analyses sur les enjeux géopolitiques et sécuritaires de la région, ainsi que sur la promotion des valeurs démocratiques et des droits de l'Homme.

Nous tenons à saluer l'engagement indéfectible de François Colcombet pour la justice, la paix et la démocratie, ainsi que son héritage intellectuel et moral qui continuera d'inspirer les générations futures et continuerons d'accompagner le souhait du peuple iranien de passer de la dictature religieuse vers une véritable république démocratique et laïque.