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Nous devons soutenir les iraniens dans leur quête de changement de régime 

29 juin 2018

Propos de l'ambassadeur Adam Ereli, ancien porte-parole du Département d'État des États-Unis et ambassadeur au Bahrein, à une table ronde sur « La politique de l'Iran », organisée conjointement par la FEMO et APA, le 29 juin 2018 à Paris.

Adam Ereli :

Eh bien, je pense commencer en affirmant quelque chose avec laquelle nous sommes tous d'accord, c'est qu'une année peut faire une grande différence quand nous pensons à la situation de l'Iran, et celle de la politique des États-Unis l'an dernier par rapport à où nous en sommes aujourd'hui. Vous savez, au moins connaissons notre position, pas vrai ? Et nous savons aussi que notre position est en train d'évoluer. Je pense qu'il y a quelque chose de très salutaire. Je pense que je pourrais aussi dire que cette différence- si une année peut faire une grande différence, deux ans entrainent une différence encore plus grande, alors la suite des évènement et leur chronologie semblent aller dans la bonne direction.

L'autre point que je voudrais souligner est que les sanctions fonctionnent et que nous devons nous en souvenir et que nous devons, selon moi, considérer cela comme notre- comme un point de référence majeur. Comme Maria l'a dit, le rial a atteint une valeur de 90.000 pour un dollar il y a quelque jours, ce qui est extraordinaire. Mais encore une fois, soyons clairs- c'est à la fois bon et mauvais. C'est une bonne chose car cela est un signe que le régime est sous pression. C'est mauvais car pour la population iranienne, et nous devrions toujours garder cela à l'esprit, il y a deux côtés à chaque pièce et le plus rapidement nous les libérerons et renverserons la situation, mieux ce sera pour tout le monde. Je voudrais juste vous montrer une image vue sur Twitter d'un vieil homme de Téhéran qui tient une pancarte où il est dit « Mon rein gauche est à vendre. Pour 500$. Voici l'adresse ». Si cela n'est pas un signe de désespoir, je ne sais pas ce que c'est.

Des recommandations politiques donc, j'en offrirai trois. En fait une principale avec trois déclinaisons. La recommandation politique basique et simple est de doubler les sanctions, et la pression sur le régime iranien, car c'est la seule chose qui va de A faire tomber B, et créer ainsi un meilleur futur pour la population iranienne. Qu'est-ce qui est nécessaire afin de doubler les sanctions ? Ce qui est crucial, c'est d'exclure l'Iran du système bancaire international, de s'assurer qu'il ne peut pas utiliser SWIFT, de s'assurer que les banques centrales qui pourraient entretenir des transactions de devises avec le régime iranien soient sanctionnées. Cela exigera une grande volonté politique de la part des États-Unis. En appliquant des sanctions secondaires, c'est-à-dire aux entreprises qui ont des relations commerciales avec l'Iran, nous sanctionnons ces entreprises et leurs actifs. Enfin, en ce qui concerne le pétrole, exclure l'Iran des marchés pétroliers internationaux, ce que l'administration américaine s'est engagée à faire et ce qui est la bonne chose à faire.

Deuxièmement, je pense que la seconde politique de recommandation après le durcissement et doublement des sanctions, je pense qu'il important que nous, et notre collègue d'Italie a un peu abordé le sujet, je pense qu'il est important que nous élargissions la coalition international qui consiste à isoler l'Iran. Toutefois et nous en avons parlé avec les Européens, les Européens ont un rôle crucial afin de faire fonctionner les sanctions, mais aussi, je pense que nous avons, devons faire, et nous le faisons, élargir la coalition des états du Moyen-Orient qui tentent d'isoler l'Iran. Heureusement, nous frappons à une porte déjà ouverte, dans le sens que l'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unies, certainement le Bahrein, qui est un pays que je connais très bien, sont-ont ... sur ce point ils reconnaissent l'Iran comme un ennemi et sont engagés à s'attaquer à cette menace. Nous l'avons déjà observé, je pense, ces pays se sont engageaient à prendre des mesures positives en coopération avec nous, et honnêtement, en coopération avec la Russie afin d'isoler l'Iran. Et je veux souligner la coopération russo-saoudienne concernant les réserves pétrolières et le prix du pétrole. Croyez-moi- depuis la perspective saoudienne, quelles sont leurs arrières pensées ? Au-delà de la sécurisation, vous savez, le prix et leur partage du marché, c'est de porter un coup à l'Iran, et c'est une bonne chose. Mais je voudrais aussi souligner le cas du Yémen où l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unies ont emprunté une voie très courageuse, et honnêtement, ont mis les vies de leurs citoyens en péril afin d'empêcher l'Iran d'étendre son hégémonie régional. Je pense qu'il est honteux que les États-Unis n'aient eu qu'un soutient aussi ambivalent à l'égard de l'Arabie Saoudite- de la coalition et ses actions au Yémen, parce qu'il ne faut pas se tromper- c'est le flanc sud de la péninsule arabique que l'Iran tente d'exploiter. Vous savez, si l'Italie est le ventre mou de l'Europe, le Yémen est le ventre mou de la péninsule arabique et nous devons- nous, c'est-à-dire les États-Unis et ses alliés arabes, devons faire cause commune afin de faire sortir l'Iran de cette partie du monde.

Et finalement, sans vouloir être trop provocant, vous savez, qui d'autre est l'ennemi juré de l'Iran dans la région ? Ça commence par un I, n'est-ce pas ? Israël. C'est délicat, c'est sensible, mais il y a clairement des intérêts communs entre nos partenaires arabes et nos amis israéliens ce qui est une mauvaise nouvelle pour les mollahs de Téhéran et les possibles coopérations qui existent et qui existent de manière utile, mais comme nous le voyons en Syrie, qui est le seul pays, pas les États-Unis, pas les Arabes, le seule pays qui est en train de repousser l'Iran et qui parvient à lui faire du mal ? C'est Israël. Ils tuent plus de gardes de la révolution que n'importe quelle puissance étrangère ne l'a jamais fait depuis un bon moment et cela devrait être saluer.

L'ultime recommandation politique sur comment nous pouvons, la politique américaine peut soutenir un changement en Iran est, je suppose, arriver à une situation où ce qui compte vraiment sera la population iranienne. Et j'ai parlé de cela précédemment, comment, vous savez, les sanctions qui fonctionnent sont à la fois une bonne et mauvaise chose. Cela met une pression sur le régime, mais cela fait aussi souffrir la population quand par exemple un homme est contraint de vendre son rein pour 500$ afin de se nourrir. Donc le plus rapidement ces sanctions fonctionneront et produiront des effets, le mieux ce sera pour tout le monde.

Mais nous devons soutenir les Iraniens dans leur quête de changement de régime. Comment pouvons-nous faire cela ? En réalité cela n'est pas si difficile.

Petit un, nous ne devons pas oublier le pouvoir que confère une position privilégiée. Quand les États-Unis disent quelque chose-quand je dis les États-Unis, je veux dire le secrétaire d'État, le Président, les anciens membres du congrès, les anciens maire de New York- cela compte beaucoup. Si le Président Obama, pendant la révolution verte s'était exprimé à la Maison Blanche et avait dit, « Nous sommes avec vous Iraniens. Nous vous supportons. Nous vous soutenons. Il est l'heure de renverser le régime". Si cela s'était produit, je ne pense pas que nous serions dans une telle situation aujourd'hui. Donc souvenons-nous que comme nous le voyons les protestations s'amplifient, vous savez, au bazar les citoyens protestent jusqu'au Parlement, dans chaque villes et hameaux d'un bout à l'autre de l'Iran, une déclaration de soutien de la part d'éminents Américains signifie beaucoup de choses et nous devrions utiliser cette arme de façon stratégique.

Deuxième point, vous le savez, il y a 1,5 million d'étudiants qui sont diplômés chaque années dans des universités iraniennes. 1,5 millions. Il y a une révolution juste ici. Ils n'ont pas d'emploi. Ils n'ont pas de perspectives pour leur futur. Ils sont éduqués, ambitieux, affamés, ils veulent se relier au reste du monde, et ils savent que leurs leaders les en empêchent. So my discussions, in several of my discussions with our colleagues, with NCRI and PMOI colleagues is, you know, this is a ripe fruit for the picking. Et nous devrions, les États-Unis devraient, et c'est un petit peu controversé- je ne sais pas où nous allons avec cela, mais vous savez, un des ... les gens disent que la meilleure manière de mettre de l'huile sur le feu quand on parle de révolution est de donner aux populations prisonnières de l'air pour respirer, carburant pour leurs idées. Comment faire cela ? Vous les amenez aux États-Unis. Les gens viennent aux États-Unis ou dans des démocraties occidentales et tirent profit de cette expérience, parce qu'ils ramènent ces idées chez eux. C'est comme, vous savez, introduire une bonne bactérie dans un endroit infecté. Cela le repousse plus loin.

Donc ce que je veux dire c'est que bannir les Iraniens des ... des États-Unis n'est peut-être pas une si bonne idée. Peut-être devrions nous trouver un moyen de faire venir de jeunes iraniens aux États-Unis, de les autoriser à voyager, vous savez. Ils ne sont pas des agents du Ministère des Renseignements et de la Sécurité nationale, n'est-ce pas ? Ils ne sont pas tous des terroristes essayant de renverser les États-Unis. Au contraire. Laissons-les venir aux États-Unis les Iraniens qui veulent renverser l'Iran. Et verser ainsi de l'huile sur le feu.

Donc, je vais m'arrêter là. Doubler les sanctions, élargir la coalition et améliorer la coopération, fournir des supports explicites-continu, verbaux, des soutiens très médiatisés au peuple iranien afin d'accélérer le changement qui est déjà en cours.