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« Vers la fin du régime théocratique iranien ? Un tournant historique au Moyen-Orient. »

Par Ella Kelian

Alors que le regard du monde se tourne à nouveau vers l'Iran, un basculement majeur semble se profiler dans la région du Moyen-Orient. Affaibli militairement, isolé diplomatiquement et contesté de l'intérieur, le régime iranien mené par le guide suprême Ali Khamenei apparaît plus vulnérable que jamais. Le moment est peut-être venu pour la communauté internationale de porter son regard non plus vers les solutions venues de l'extérieur mais vers le peuple iranien. Une solution qui se traduirait par soutenir concrètement une alternative démocratique à un pouvoir de plus en plus contesté.

L'échec d'une stratégie régionale :

La confrontation ouverte entre l'Iran et Israël, notamment après les attaques du 7 octobre 2023, a révélé les limites de la stratégie iranienne fondée sur l'expansion de son influence via des groupes armés alliés tels que le Hamas, le Hezbollah et les Houthis. Ces forces ont subi de lourdes pertes militaires et politiques après la riposte israélienne, mettant en lumière l'isolement croissant de Téhéran.

Une crise intérieure profonde :

À l'intérieur du pays, la population iranienne subit de plein fouet les conséquences de la corruption, de la mauvaise gestion économique et de la répression. Face à la dégradation des conditions de vie, le climat de contestation s'intensifie. En réponse, le pouvoir renforce sa politique de répression, tout en procédant à des purges internes, signe de tensions croissantes au sein même de l'appareil d'État.

Ali Khamenei, au pouvoir depuis 36 ans, voit son autorité fragilisée. Sa posture ambivalente sur le nucléaire – mêlant déclarations radicales et négociations secrètes – brouille son image auprès de ses partisans. Par ailleurs, la perte du régime syrien, un allié de poids, marque un revers diplomatique de plus pour Téhéran, dont l'influence régionale s'effrite.

Un soutien international croissant à l'opposition :

Face à cet affaiblissement du régime, le Conseil National de la Résistance Iranienne (CNRI), mené par Maryam Radjavi, gagne en visibilité sur la scène internationale. En janvier dernier, une réunion majeure a eu lieu à Paris, tandis que le Parlement Européen a récemment accueilli Maryam Radjavi, au moment même où l'Iran affrontait militairement Israël. « Depuis deux décennies, notre mouvement défend la troisième voie pour le problème iranien : la solution ne réside ni dans la complaisance avec les mollahs, ni dans la guerre ni dans une intervention militaire. Elle passe par un changement démocratique réalisé par le peuple iranien et sa résistance » a-t-elle affirmé devant de nombreux parlementaires européens. Cet intérêt croissant reflète une volonté nouvelle de ne plus ignorer les aspirations démocratiques du peuple iranien.

Le CNRI propose un programme en 10 points prévoyant notamment la mise en place d'un gouvernement provisoire et l'organisation d'élections libres dans les six mois suivant la chute du régime. Ce plan représente une alternative politique claire, fondée sur l'abolition de la peine de mort, la liberté d'expression, et la fin de la domination économique des Gardiens de la Révolution.

Un Iran libre, une chance pour l'équilibre mondial :

La chute du régime théocratique iranien ne serait pas seulement une victoire pour les Iraniens, mais aussi un facteur de stabilité pour le Moyen-Orient et au-delà. Un Iran libéré de la corruption systémique, respectueux des droits fondamentaux et pacifié sur le plan régional, représenterait un tournant historique. Comme le souligne Gérard Vespierre dans « 2025, Grand tournant à Téhéran », le moment est venu pour la communauté internationale de soutenir activement cette transition.


Le régime iranien est à la croisée des chemins. Contesté à l'intérieur, affaibli à l'extérieur, il pourrait être remplacé par une alternative démocratique portée par des forces organisées et reconnues. Plus que jamais, le destin de l'Iran qui est une affaire internationale est entre les mains de son propre peuple : sa libération pourrait être la clé d'un nouvel équilibre durable au Moyen-Orient.