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Rencontre au Palais de Luxembourg avec Struan Stevenson

De gauche à droite : Maurice Martin, Joëlle Garriaud-Maylam, Struan Stevenson, sénateur Vincent Louault, Maître Sara Nouri

Par la Rédaction

Lors d'une rencontre organisée au Palais de Luxembourg, le 25 novembre, l'ancien député européen et spécialiste du Moyen-Orient, Struan Stevenson, est venu échanger avec des sénateurs, les perspectives de la situation iranienne. La personnalité écossaise, haut responsable du Comité pour la recherche de la Justice (ISJ), coordinateur de la Campagne pour le Changement en Iran (CIC), ancien président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec l'Irak (2009–2014) et de l'intergroupe « Les Amis d'un Iran libre » (2004–2014), ainsi qu'auteur de plusieurs ouvrages sur l'Iran et le Moyen-Orient, a alerté les élus sur la fragilité de la théocratie iranienne et sur la nécessité de soutenir la population iranienne dans son aspiration à la démocratie et à la laïcité.

Cette rencontre s'est tenue à l'invitation du sénateur Vincent Louault, vice-président du Comité Parlementaire pour un Iran Démocratique (CPID), et de Jean-François Legaret, président de la Fondation d'Étude pour le Moyen-Orient (FEMO), en présence de plusieurs sénateurs de différentes sensibilités politiques.

Struan Stevenson a dressé un tableau particulièrement préoccupant de la situation en Iran : exécutions massives, corruption structurelle, propagande et désinformation, mais aussi exportation de la violence au-delà des frontières iraniennes. Il a rappelé que 1 455 personnes ont été exécutées cette année, soulignant que les Iraniens sont passés d'une dictature à une autre, chacune ayant laissé une trace sanglante dans son histoire contemporaine.

Il a également mis en garde les sénateurs contre l'action internationale des Gardiens de la révolution, impliqués dans des opérations terroristes à travers l'Europe. Il a notamment cité la tentative d'attentat à l'explosif contre le grand rassemblement de l'opposition iranienne à Villepinte en 2018, visant notamment Maryam Radjavi, figure de la résistance iranienne.
Cette stratégie d'élimination des opposants ne se limite pas à la France : au même moment se tient à Madrid le procès d'un commando lié au crime organisé qui avait tiré sur l'ancien vice-président du Parlement européen, Alejo Vidal-Quadras, soutien de la résistance iranienne, gravement blessé lors de cette tentative d'assassinat attribuée au régime en 2023.

Malgré ces faits, Struan Stevenson a regretté une certaine indulgence de plusieurs gouvernements européens envers Téhéran. Les sénateurs présents ont évoqué une véritable « chape de plomb » politique et médiatique, ainsi que des campagnes de décrédibilisation ciblant la résistance iranienne et les nombreux élus engagés à la soutenir.

Le maintien du pouvoir iranien repose également sur la diplomatie de l'otage, associée à une stratégie de chantage politique à laquelle nombre de gouvernements ont cédé. Stevenson a dénoncé la difficulté, au sein de l'Union européenne, à inscrire les Gardiens de la révolution sur la liste des organisations terroristes, alors que le Canada, les États-Unis, et désormais l'Australie, l'ont déjà fait.

La question de l'alternative politique a occupé une partie des échanges. Struan Stevenson a présenté les conclusions de ses derniers travaux, notamment sur le rôle contre-productif joué par Reza Pahlavi, dont il décrit les limites politiques : héritier égocentrique d'un régime déchu, entouré d'anciens responsables de la SAVAK (terrible police politique du Shah), installé aux États-Unis depuis la chute de la monarchie après avoir ponctionné des milliards de dollars détourné par son père, tente vainement de se présenter comme une alternative au régime iranien, tout en bénéficiant des faveurs de celui-ci, notamment par le biais de campagnes de soutien fictive sur les réseaux sociaux fomentées depuis l'Iran. M. Stevenson a particulièrement démontré que les tentatives de réhabilitation des Gardiens de la révolution par fils de l'ancien dictateur a eu un effet dévastateur dans l'opinion iranienne, qui ne souhaite pas à un retour au passé, par le slogan désormais célèbre : « Ni couronne, ni turban ».

Pour Stevenson, la seule alternative viable doit être républicaine, laïque, sans lien avec les factions du régime actuel ni avec les systèmes autoritaires du passé. Elle doit s'inscrire dans la volonté populaire iranienne de renverser le régime par ses propres forces, sans ingérence extérieure et sans complaisance internationale envers Téhéran.

Le travail mené depuis plusieurs législatures par le Comité Parlementaire pour un Iran Démocratique (CPID), à l'Assemblée nationale comme au Sénat, a été salué par les participants. Au nom du CPID, Le sénateur Vincent Louault a exprimé le soutien de nombreux élus à un avenir démocratique et laïc pour l'Iran, et leur solidarité envers les Iraniennes et les Iraniens qui, au péril de leur vie, dénoncent les exactions du régime.