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Yémen : guerre oubliée, conflits multiples – enjeux régionaux et perspectives de paix

Par Jean-François Legaret – Nader Nouri - 8/22/2025

Depuis plus d'une décennie, le Yémen est le théâtre d'un conflit complexe où s'entremêlent fractures internes, rivalités régionales et enjeux géostratégiques mondiaux. Si l'actualité retient surtout les attaques maritimes des Houthis en mer Rouge, cette guerre est avant tout celle d'un pays morcelé, où la population vit l'une des pires crises humanitaires contemporaines.

Pour comprendre la situation actuelle, il faut revenir sur l'histoire récente du Yémen, analyser ses divisions internes et mesurer l'ampleur des ingérences extérieures.

Unification et désillusions (1990–1994)

Le 22 mai 1990, le Yémen Nord (République arabe du Yémen) et le Yémen Sud (République démocratique populaire du Yémen) fusionnent pour former la République du Yémen. Ali Abdallah Saleh devient président et Ali Salim al‑Beidh vice‑président. Une constitution unitaire est adoptée en 1991, entérinant le multipartisme, les élections libres et le respect des droits fondamentaux. Le Parlement, élu en 1993, reflète les divisions nord-sud : sur 301 sièges, 159 reviennent au Nord, 111 au Sud, et 31 sont nommés par le président du conseil présidentiel.

Mais l'unité est fragile. Le déficit économique de 1991 plonge le pays dans une crise aiguë qui a accentué les rivalités politiques et représailles tribales. En 1994, les tensions éclatent en guerre civile : le Sud proclame son indépendance, mais est rapidement repris par les forces nordistes. Saleh devient président au terme d'un référendum parlementaire controversé.

Tribalisme, confessionnalisme et émergence des insurgences (1994–2011)

Après la guerre, le Yémen reste un État défaillant. Les tribus, véritables piliers sociopolitiques, exercent une influence parallèle à l'État central, notamment les confédérations Hashid et Bakil dans le Nord. Le ressentiment sudiste se cristallise autour du sentiment d'exclusion économique et politique, alimenté par l'omniprésence du pouvoir nordiste.

Sur le plan religieux, la population est majoritairement sunnite chaféite, mais environ 30 % des Yéménites sont chiites zaydites, notamment dans les montagnes du Nord. Ce clivage, longtemps latent, devient un marqueur identitaire dans les années 2000, avec l'islam wahhabite diffusé depuis l'Arabie saoudite et la montée des Houthis, courant zaydite aux revendications religieuses et politiques.

Les premières rébellions houthies éclatent dès 2004. Durant six épisodes successifs, jusqu'en 2010, le gouvernement cherche à les soumettre par la force, en vain, malgré une répression violente et un soutien iranien discret aux insurgés.

Le printemps arabe, la transition ratée et la chute de l'État (2011–2014)

En janvier 2011, à l'image des soulèvements qui secouent la Tunisie et l'Égypte, le Yémen entre dans la vague du Printemps arabe. Les manifestations, initialement menées par des étudiants et des militants des droits humains, s'étendent rapidement aux grandes villes, notamment Sanaa, Taëz et Aden. Les revendications sont claires : fin de la corruption, amélioration des conditions de vie, respect des libertés publiques et départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis plus de trois décennies.

Le mécontentement populaire est nourri par plusieurs facteurs structurels. Le pays est l'un des plus pauvres du monde arabe, avec un PIB par habitant inférieur à 1 500 dollars, un taux de chômage estimé à 35 % et une dépendance aiguë aux importations alimentaires. L'analyste Ginny Hill, spécialiste du Yémen à Chatham House, résume la situation en affirmant que « la pauvreté extrême et la mauvaise gouvernance ont créé un terreau fertile pour la colère populaire ».

Si Saleh conserve initialement le soutien d'une partie des élites tribales, les alliances se fissurent rapidement. En mars 2011, la répression sanglante des manifestations à Sanaa — connue sous le nom de « massacre du vendredi de la dignité », avec plus de 50 morts — provoque un basculement décisif. De puissantes figures tribales, comme le cheikh Sadeq al-Ahmar de la confédération Hashid, retirent leur appui au président. L'armée elle-même se divise, certains commandants rejoignant les protestataires.

Face à la montée des violences et sous la pression du Conseil de coopération du Golfe (CCG), un accord est négocié sous l'égide de l'ONU. En novembre 2011, Saleh accepte de céder le pouvoir à son vice-président, Abd Rabbo Mansour Hadi, en échange d'une immunité judiciaire. La transition est officiellement lancée en février 2012, après une élection présidentielle à candidat unique qui confirme Hadi à la tête de l'État.

Cependant, cette transition, censée durer deux ans et déboucher sur une nouvelle constitution, se heurte à de multiples obstacles. La Conférence nationale de dialogue (2013–2014), réunissant partis politiques, représentants tribaux, jeunes et femmes, peine à trouver un consensus sur des sujets clés tels que la structure fédérale de l'État, le partage des ressources et la réforme militaire. Le Sud, déjà méfiant, rejette massivement les propositions de division en six régions, qu'il juge défavorables à ses intérêts.

Parallèlement, les Houthis exploitent ce vide institutionnel. Profitant du mécontentement populaire dans le Nord et du retrait partiel de l'armée, ils étendent leur zone d'influence bien au-delà de leur fief de Saada. Les tensions avec le gouvernement Hadi se multiplient, et les combats éclatent sporadiquement dans plusieurs provinces.

En septembre 2014, dans un contexte de blocage politique et de crise économique, aggravée par la suppression des subventions sur le carburant, les Houthis marchent sur Sanaa. En quelques jours, ils prennent le contrôle des bâtiments gouvernementaux et forcent Hadi à signer un accord de partage du pouvoir qui, dans les faits, entérine leur domination sur la capitale. Cet épisode marque la chute effective de l'autorité de l'État central et ouvre la voie à la phase régionale et internationale du conflit.

Emballement régional et guerre fragmentée (2014–2025)

L'année 2015 marque un tournant décisif dans le conflit yéménite. Après leur prise de Sanaa à l'automne 2014, les Houthis consolident rapidement leur emprise sur le Nord du pays. En janvier 2015, leurs forces s'emparent du palais présidentiel, contraignant le président Abd Rabbo Mansour Hadi à fuir d'abord vers Aden, puis à s'exiler en Arabie saoudite. Cet effondrement du pouvoir central ouvre la voie à une intervention étrangère d'ampleur inédite.

En mars 2015, l'Arabie saoudite, craignant de voir à sa frontière sud un mouvement armé allié à l'Iran, déclenche l'opération Tempête décisive. Dirigée par Riyad et soutenue par une coalition de pays arabes (Émirats arabes unis, Bahreïn, Koweït, Égypte, Maroc, Soudan), l'opération bénéficie également d'un appui logistique, en renseignement et en armement de la part des puissances occidentales, notamment les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. L'objectif affiché est clair : restaurer le gouvernement reconnu par l'ONU et repousser l'avancée des Houthis.

Cependant, cette intervention transforme le conflit interne en une guerre régionale à multiples dimensions. Les Houthis, loin d'être écrasés par la campagne aérienne, s'adaptent. Forts de leur ancrage local et du soutien matériel et politique iranien, ils maintiennent le contrôle du Nord, y compris de la capitale. Les frappes de la coalition, souvent imprécises, causent d'importantes pertes civiles, alimentant le ressentiment populaire contre Riyad et renforçant indirectement la légitimité des insurgés.

Dans le Sud, la situation se complique encore. Les séparatistes du Conseil de transition du Sud (STC), initialement alliés du gouvernement Hadi contre les Houthis, s'émancipent progressivement. Soutenus par les Émirats arabes unis, ils prennent le contrôle de plusieurs villes stratégiques, dont Aden, qu'ils considèrent comme la capitale d'un futur État sudiste. Les tensions entre le STC et le gouvernement reconnu dégénèrent parfois en affrontements armés, ouvrant un nouveau front interne.

En parallèle, le vide sécuritaire laissé par l'effondrement de l'État profite aux groupes djihadistes. Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), déjà implantée dans l'est du pays, consolide ses bastions dans les provinces d'Abyan et de Shabwah. Daech, bien que moins influent, parvient à commettre des attentats spectaculaires, notamment contre des cibles militaires et chiites. Ces groupes prospèrent dans les zones échappant à tout contrôle étatique, exploitant la pauvreté et les rivalités locales pour recruter.

À partir du 7 octobre 2023, le conflit prend une nouvelle dimension internationale. Dans le contexte d'une escalade régionale plus large, les Houthis commencent à lancer des attaques contre des navires commerciaux et militaires transitant par la mer Rouge et le détroit de Bab el-Mandeb, en utilisant notamment des missiles balistiques et des drones d'origine iranienne. Ces attaques, ciblant parfois des navires liés à des intérêts israéliens ou occidentaux, perturbent gravement le commerce maritime mondial et suscitent une réaction rapide d'une coalition navale internationale dirigée par les États-Unis et le Royaume-Uni. Cette coalition mène plusieurs frappes aériennes et missiles de croisière contre des positions houthies au Yémen, visant des dépôts d'armes, des systèmes de lancement et des infrastructures de commandement.

Ces développements ajoutent un front maritime au conflit terrestre, accroissant la pression militaire sur les Houthis mais aussi leur visibilité sur la scène internationale. Au fil des années, le conflit se mue en une mosaïque de guerres imbriquées : guerre de position entre Houthis et coalition, rivalités politiques entre le gouvernement et les séparatistes, lutte pour le contrôle territorial entre tribus rivales, et guerre asymétrique contre les groupes extrémistes. Chaque acteur extérieur poursuit ses propres objectifs stratégiques : l'Arabie saoudite veut sécuriser sa frontière, les Émirats cherchent à contrôler les routes maritimes et les ports, les mollahs d'Iran utilisent les Houthis comme levier géopolitique, tandis que les puissances occidentales concentrent leurs frappes sur la lutte antiterroriste et la protection des voies commerciales.

Ce morcellement du pays a pour conséquence directe l'effondrement des institutions, l'aggravation de la crise humanitaire et la multiplication des lignes de front, rendant toute perspective de paix globale encore plus complexe. Comme l'a résumé en 2022 l'analyste yéménite Nadwa al-Dawsari : « Le Yémen n'est plus un seul conflit. C'est un assemblage de guerres locales, chacune alimentée par des agendas extérieurs. »

L'exacerbation des rivalités régionales

Le Yémen s'est imposé, au fil de la dernière décennie, comme l'un des principaux terrains d'expression de la rivalité stratégique entre l'Iran et l'Arabie saoudite. Ce face-à-face indirect s'inscrit dans une lutte d'influence plus large, qui dépasse largement les frontières yéménites pour embrasser toute la péninsule Arabique et une partie du Moyen-Orient.

Pour Téhéran, le soutien aux Houthis répond à plusieurs objectifs. Officiellement, la République islamique affirme soutenir un mouvement « d'autodétermination » face à ce qu'elle considère comme une agression étrangère. Dans les faits, les Houthis représentent pour l'Iran une profonde opportunité stratégique :

  • D'une part, leur contrôle d'une partie du littoral de la mer Rouge leur permet de peser sur la sécurité du détroit de Bab el-Mandeb, passage maritime par lequel transite près de 10 % du commerce mondial et environ 6,2 millions de barils de pétrole par jour selon l'Energy Information Administration (EIA).
  • D'autre part, en soutenant ce mouvement, Téhéran étend son « arc de résistance » chiite, déjà présent au Liban via le Hezbollah, en Syrie et en Irak, et renforce ainsi sa capacité à exercer une pression sur ses adversaires régionaux et sur le trafic maritime international.

Pour Riyad, la perspective de voir émerger à sa frontière sud un « Hezbollah yéménite » est inacceptable. Une telle situation constituerait non seulement une menace militaire directe, mais aussi un défi politique interne, en risquant d'inspirer ou de soutenir les minorités chiites de la province saoudienne orientale, où se trouvent d'importantes installations pétrolières. Le conflit yéménite est ainsi devenu, pour le royaume, une guerre de prévention autant qu'une guerre d'influence, visant à empêcher la consolidation d'une force armée pro-iranienne durable aux portes du Golfe.

Cette rivalité n'est pas nouvelle, mais elle a pris une intensité inédite depuis 2015, date du début de l'intervention saoudienne. L'Iran, bien que niant tout rôle direct au début du conflit, a progressivement renforcé son soutien aux Houthis, notamment par la fourniture de missiles balistiques, de drones armés et de formations tactiques. Les Nations unies ont, à plusieurs reprises, documenté la présence d'armes d'origine iranienne dans les arsenaux houthies, en violation des résolutions du Conseil de sécurité.

Le fédéralisme : un projet avorté

Avant que la guerre ouverte n'éclate, la Conférence nationale de dialogue (mars 2013 – janvier 2014), conçue comme pierre angulaire de la transition post-Saleh, avait tenté d'offrir une réponse politique aux fractures du pays. Parmi les propositions phares figurait l'instauration d'un État fédéral à six régions, chacune dotée d'une large autonomie administrative et économique. Cette architecture devait permettre de concilier l'unité nationale avec les aspirations régionales, en offrant au Sud, au Nord et à l'Est des leviers de gouvernance locaux.

Sur le papier, cette formule séduisait les partenaires internationaux, qui y voyaient un moyen de pacifier les tensions tribales et de contenir les aspirations séparatistes. En pratique, elle s'est heurtée à une opposition frontale de plusieurs forces yéménites.

  • Les séparatistes sudistes ont dénoncé le morcellement du Sud en deux régions distinctes, y voyant une manœuvre pour diluer leur poids politique et affaiblir toute revendication d'indépendance.
  • Les zaydites d'Azal, région du Nord contrôlée en partie par les Houthis, ont estimé que ce découpage les priverait de ressources naturelles et d'accès à la mer, accentuant leur marginalisation économique.

Pour l'analyste yéménite Abdelghani al-Iryani, « la carte fédérale de six régions a cristallisé les frustrations existantes au lieu de les apaiser. Elle a été perçue comme un projet imposé de l'extérieur, au service de certains intérêts plutôt qu'un consensus national ».

Ce rejet généralisé a vidé la proposition de sa légitimité politique. Rapidement abandonné, le projet de fédéralisme a laissé un vide institutionnel que les Houthis ont exploité pour justifier leur avancée sur Sanaa en 2014. La perspective d'un compromis politique structurant s'est alors effacée derrière la montée en puissance des logiques militaires et l'aggravation des ingérences extérieures.

Une crise humanitaire abyssale

Dix années de guerre ont fait du Yémen l'épicentre de l'une des pires catastrophes humanitaires contemporaines. Le prix payé par les civils est effroyable. Selon le Global Conflict Tracker du Council on Foreign Relations, et sur la base des estimations des Nations unies, entre 2015 et début 2022, 377 000 personnes ont perdu la vie, dont environ 60 % de manière indirecte : non pas sur les champs de bataille, mais à cause de la faim, des maladies évitables ou de l'absence d'accès aux soins. Cette distinction souligne l'ampleur des effets collatéraux du conflit, où le blocus maritime, la destruction des infrastructures et l'effondrement du système de santé tuent bien au-delà des balles et des bombes.

En 2025, la situation reste alarmante. Plus de 19 millions de Yéménites, soit près des deux tiers de la population estimée à 32 millions, dépendent de l'aide humanitaire pour leur survie. Parmi eux, 1,2 million d'enfants souffrent de malnutrition aiguë, une condition qui menace directement leur vie si elle n'est pas traitée rapidement (AP News). L'UNICEF estime que 12 millions d'enfants n'ont pas un accès régulier à l'eau potable, à une alimentation suffisante ou aux soins sanitaires de base.

Les hôpitaux, quand ils ne sont pas totalement détruits, fonctionnent souvent avec un personnel réduit et sans matériel médical adéquat. Dans certaines zones rurales, il faut parcourir des dizaines de kilomètres pour trouver un centre de santé encore opérationnel. Les campagnes de vaccination sont régulièrement interrompues par les combats, favorisant la réapparition de maladies que l'on croyait éradiquées, comme la diphtérie ou la poliomyélite.

Aux extrémités de cette souffrance, les témoignages recueillis par les ONG et les journalistes mettent un visage sur les statistiques. Sur les côtes, des familles déplacées par les combats survivent avec pour unique repas quotidien « du pain et du thé », comme l'a rapporté The Guardian. Ces familles vivent souvent dans des abris de fortune faits de bâches et de tôles, exposées aux intempéries et à la chaleur accablante, sans espoir tangible de retour dans leurs villages détruits.

La crise humanitaire se double d'un phénomène migratoire tragique. Le Yémen, malgré la guerre, reste un pays de transit pour des dizaines de milliers de migrants et de réfugiés originaires de la Corne de l'Afrique — Éthiopie, Somalie, Érythrée — qui espèrent rejoindre les pays du Golfe. Ces traversées se font à bord d'embarcations surchargées et non sécurisées, dans des conditions inhumaines. Récemment, un naufrage dans le golfe d'Aden a provoqué au moins 56 morts et 132 disparus (AP News). Ce drame illustre la dangerosité de cette route maritime, l'une des plus meurtrières au monde selon l'Organisation internationale pour les migrations.

Dans ce contexte, les organisations humanitaires, pourtant nécessaires, font face à un désengagement progressif des bailleurs de fonds internationaux. Les financements humanitaires sont en baisse, alors même que les besoins augmentent. Cette diminution des ressources contraint les agences à réduire les rations alimentaires et les programmes d'assistance, laissant des millions de Yéménites dans une précarité encore plus extrême. Comme le résume un rapport du Programme alimentaire mondial : « Au Yémen, la faim ne résulte pas d'un manque de nourriture dans le monde, mais d'un manque de volonté politique et de moyens pour y accéder. »

Pour une sortie de crise réaliste : pistes et conditions

Plusieurs scénarios méritent d'être examinés selon des critères réalistes :

  • Le statu quo figé : la fragmentation perdure, l'État ne renaît pas, les régions s'enfoncent dans l'autonomie de fait.
  • La médiation internationale, portée par l'ONU et pays voisins comme Oman ou le Qatar, pourrait permettre un cessez-le-feu durable, à condition d'un accord minimal entre Iraniens et Saoudiens.
  • Le fédéralisme, malgré ses échecs passés, reste une alternative viable si le découpage est repensé équitablement. Malgré les critiques, des experts tels que Dr Olfat Al‑Dubai le considèrent comme « la seule option viable pour un nouveau gouvernement au Yémen ».
  • La partition, bien que risquée, est parfois évoquée comme solution radicale : elle implique la création de deux États distincts, Nord et Sud, avec des frontières à redessiner.

Dans tous les cas, une condition préalable à toute solution durable sera la fin de l'ingérence iranienne au Yémen, qui constitue l'un des principaux facteurs d'alimentation du conflit et un obstacle majeur à la stabilité régionale.

Chacune de ces options suppose un engagement international fort, mais l'essentiel est que l'effort soit guidé par la neutralité active. Cela signifie mettre au centre les besoins du peuple yéménite, respecter les identités religieuses et tribales, et privilégier la reconstruction plutôt que l'imposition.

Le Yémen n'est pas seulement un épicentre de conflits, il est le reflet d'échecs de gouvernance, d'ingérences régionales, mais surtout, de souffrances humaines immenses. Une stratégie durable nécessitera à la fois humilité et pragmatisme : reconnaître les divers équilibres internes, encourager le dialogue avec tous les acteurs locaux, renforcer les capacités civiles, et placer la dignité des Yéménites au cœur de l'effort de paix.

Jean-François Legaret, est président de la FEMO

Nader Nouri, est ancien diplomate iranien basé à Paris, et secrétaire général de la FEMO